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19/12/2015

Ma femmmme.


Ma femme, elle sait quand je m'abîme,
Elle voit l'iceberg et me laisse y aller ;
Elle sait bien qu'après le bateau livre.

Ma femme, elle sait quand je m'échoue,
Elle sait quand je m'échine;
Elle livre même le sable
Pour qu'il soit le plus tendre possible
Dans le désert,
Elle sait bien qu'ensuite le roman fleuve.


Ma femme, je lui mets quatre M
Quand je l'écris,
Un pour le matin,
Un pour le midi,
Un pour l'aprèm
Et le dernier à minuit.

Ma femmmme.


02/12/2015

Une journée de m***.

Tu la sens, ta journée de merde, quand la clenche de ta porte te vient en main et que tu es enfermé à l'intérieur alors que tu voulais aller faire une lessive ?
Tu la sens bien quand un voisin te libère enfin et que tu trimballes tes 12 kilos de linges sales à la wasserette sous la pluie qui vient de tomber ?
Tu la sens, mais alors là bien profond, quand 3 machines que t'as gavées de thunes refusent de fonctionner et que t'en es déjà à 12 euros pour laver tes couettes ?

Puis une ex te téléphone pour te dire qu'en fait elle ne t'aimait pas.

17/11/2015

#Paris


Toutes les fins ont une histoire

Et nous nous rejoignons
Dans les bras l'un de l'autre
Nous tombons

Est-ce le vent qui nous ralentit
Ou une branche qui accroche
Un souvenir du futur
Ou quelque ami proche ?

Au loin, le tumulte
Et autres anicroches
Des dommages pour demain
Des hommages à jamais

C'est con, on s'était dit le douze
Coche ce vendredi 13
Et cochon qui s'en dédit
En douce nous partirons
pour la Ville Lumière
Nous partirons

Est-ce le vent qui nous ralentit
Ou une branche qui accroche
Un souvenir du futur
Ou quelque ami proche ?

#Paris.


16/09/2015

L'amour-mayonnaise


L’amour-mayonnaise
Alchimie compliquée
Elle, douce comme une huile d'amante
Pas vraiment extra-vierge mais tout comme
L’innocence d’une Ève avant la pomme
Un peu du vécu de Gomorrhe sans Sodome
Et moi, jaune d'œuf, moutarde, liant
Bref, une sorte d’homme
Son paradis perdu

Ses illusions en somme
Ajoutez
Poivre
Et sel
Citron aussi
Fouettez, fouettez
Incorporez
L’huile
Progressivement
Toujours en filet
Pas trop doucement
Fouettez, fouettez
Jusqu’à
L’émulsion
Attention
Si la fille monte trop vite
Elle retombera facilement
Fouettez, montez
Incorporez
Un peu de vinaigre
Ajoutez les agréments
Si c’est trop fort
Enlevez les sentiments
Laissez reposer à froid...
Couvrez d'un film ou tournez une vidéo
L’amour-mayonnaise ayant une durée de conservation plutôt moyenne
Il ne passera définitivement pas la semaine
Dans votre frigo.

22/07/2015

« Ne pas déranger, s’il vous plaît »


Un mètre soixante
Sans doute moins
Un paquet d'Ajja 17 bleu dans le caddie
Ainsi qu'une bouteille d'huile en plastique
3 pommes de terre dans un sac
Une tranche de lard sous cellophane
Le cheveu rare
Courbé
Les yeux au sol.

C'est le seul homme qui a mis son chariot perpendiculaire
Et sur son âme il est écrit
« Ne pas déranger, s’il vous plaît »


17/06/2015

Pourquoi est-ce toujours vers toi que tout revient ?
(je te sais le poison, je te crois l'antidote)


14/05/2015

Les Iguanes


Anvers, une terrasse, quelque part, ailleurs.
La terrasse vide malgré le soleil.
C'est jeudi, c'est l'Ascension ; et l'Ascension à Anvers, c'est comme Bruxelles un dimanche
Un Bruxelles sur lequel on aurait lâché une bombe à neutrons.

À la table d'à côté, justement, des survivants.
La femme aux lunettes moulées visage et son cou à à-coups, tête en avant
Telle un iguane
En face, le mari dans ce que doivent être ses plus beaux vêtements du dimanche
pour un jeudi de l'Ascension
Une casquette Flandria vissée au front.

Ils mangent de la salade
Comme des iguanes
Leurs becs claquant dans le vide
Dans le vide de la salade
Klap, klap, klap.


Ils ne se parlent pas ou si peu
À peine si j'entends l'homme demander à la femme
« Salade ? » car il a terminé de manger.
Et il reste de la salade.

La femme dit non d'un mouvement de son cou d'iguane,
remuant les colliers de peau lui faisant office
de rivière de diamants
Klap, klap, klap.


Et de longs silences de bruits de bouche complètement assourdissants.

Peut-être parce que j'écris
l'homme se rend compte du silence
« Klap, klap, klap » dit-il dans le silence de la salade
Puis, soudain,  un « Dili dili dili » faussement chanté d'un
air guilleret.
« Dili, dili, dili  (comblons le silence) »
« Klap, klap, klap » répond la femme.

« Heeft het gesmaakt ? (Ça vous a goûté ?) »
demande en passant le garçon désœuvré
revenant d'un rêve meilleur où il pouvait se pendre
« Klap, klap, klap » dans le vide répond le mari
« Klap, klap, klap » dans la salade dit la femme iguane.

La vieillesse, je préfèrerais ne pas y arriver
La vieillesse, c'est une voiture à contre-sens sur l'autoroute,
Tout le monde sait que ses passagers vont finir par se crasher
Mais tout le monde tente simplement de l'éviter
Il n'y a plus rien à faire pour eux.

Klap dans le vide
Klap dans la salade.
L'iguane mange lentement,
Ça lui permet d'acquérir au fil des ans
sa rivière de diamants.

« Klap, klap, dili dili dili »
« Klap, klap »

dans cette salade qui contient décidément trop d'eau.

Et si, à contre-sens, nous faisions demi-tour ?

Mais ce bolide roule trop vite,
On risquerait l'accident à tourner, virevolter,
À freiner tout à trac !

Alors on fonce
« Klap, klap, klap » dans le vide
« Dili dili dili » dans le mur

Quand on naît,
Il est déjà trop tard
« Dili dili »
Les iguanes me survivront.